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  • Photo du rédacteur Karine Galbrand ND IBCLC

Allaitement et freins restrictifs de la langue ou de la lèvre

Dernière mise à jour : 10 avr. 2020


L’allaitement n’est pas sensé faire mal. Fuyez quiconque vous dira le contraire! Si vous avez des douleurs qui persistent même après avoir corrigé la prise, il se peut que votre bébé ait un frein de langue restrictif.


L’ankyloglossie est une anomalie congénitale où il y a diminution de la mobilité de la langue dû à un frein restrictif. Elle fait partie des anomalies de la ligne médiane (mid-line anomaly). Nous possédons tous un frein de langue. Le frein est une membrane située sous la langue. Il sert à la retenir. Ce qui fait la différence entre un frein problématique et un frein normal est sa flexibilité. Les freins restrictifs constituent environ le tiers des problèmes d’allaitement. Ce trouble affecte plus les garçons que les filles et son incidence est de 4 à 10%.

Pour connaitre les autres causes possibles de douleurs au sein lisez cette article: https://www.karinegalbrand.com/post/est-ce-normal-d-avoir-mal-quand-j-allaite


L’importance de la langue et le rôle des lèvres durant la prise du sein (latch)


Pour saisir l’enjeu de l’ankyloglossie, il faut comprendre le rôle primordial de la langue lors de l’allaitement. En effet, la langue est l’organe utilisé principalement lorsque le bébé tète. Lors d’une bonne prise, la bouche englobe l’aréole en exerçant une pression négative, ce qui empêche l’air de pénétrer dans la bouche. Si les lèvres ne sont pas assez scellées sur l’aréole, la qualité de la tétée n’est pas optimale. Un frein labial (de lèvre) trop court peut en être la cause. Les lèvres doivent être bien retroussées et leur commissure forme un angle obtus de 120 à 160 degré. Normalement n’y a pas de bruit audible en provenance des lèvres. Un tel bruit de claquement ou un creux dans les joues peut nous indiquer une pression anormale du muscle orbicularis le (muscle autour de la bouche) et du buccinator (le muscle des joues) et démontre l’incapacité de créer une étanchéité. Cela peut également dénoter une compensation. Le bébé pourvu d’une ankyloglossie peut utiliser ses muscles accessoires exagérément pour compenser un fonctionnement sous-optimal de la langue. Parfois la prise semble parfaite mais la douleur persiste. La douleur vous informe que tout n’est pas parfait, il faut donc continuer l’investigation. C’est le mouvement péristaltique de la langue qui permet un bon transfert de lait et une bonne tétée. Près d’une vingtaine de muscles sont impliqués pendant la tétée dont 8 directement liés à la mobilité de la langue. Normalement la langue maintient une bonne partie de l’aréole dans la bouche et amène le mamelon à la jonction du palais dure et du palais mou. Il faut savoir que le mamelon peut s'étaler de 2 à 3 fois sa taille originale dans la cavité orale du bébé. La langue effectue des mouvements de vague allant de l’avant à l’arrière nécessaires à la propulsion du lait et son ingestion.


Symptômes de freins restrictifs


La douleur est un symptôme éloquent d’un frein de langue court. Cette douleur provient de la compression du mamelon, irrité par les effets compensatoires d’une langue qui n’a pas assez d’amplitude. Le mamelon a probablement une forme en biseau après la tétée. Un vasospasme peut aussi se manifester. Des gerçures peuvent apparaitre suite à une irritation persistante et entraîner d’autres complications. Des bruits de claquement et un creux dans les joues sont aussi des manifestations de freins restrictifs, comme nous l’avons mentionné ci-haut. Un pli visible sous le nez du bébé au-dessus de la lèvre supérieure et les lèvres blanchâtres après la tétée démontrent une utilisation excessive des muscles accessoires. La langue peut parfois être blanchâtre (pseudolakia) à cause d’une incapacité de s’auto-nettoyer dû aux mouvements péristaltiques inadéquats. Un autre signe non-négligeable d’un frein restrictif est la baisse de production de lait chez la mère. Il est, à mon avis, un signe tardif et illustre plutôt une complication suite à une prise en charge déficiente de la dyade. Cela implique souvent un gain pondéral insuffisant chez le bébé. Des canaux bloqués à répétition peuvent aussi indiquer un frein restrictif chez le bébé qui n’arrive pas à bien drainer les glandes.


Comment l’identifier et par qui?


Lorsque le frein est antérieur, on l’observe facilement. La langue peut être légèrement en forme de coeur ou former une encoche sur le bout lorsque le frein est très court . On ne peut prétendre une absence de frein restrictif seulement à l'observation. Outre l’apparence de la langue et la visibilité du frein, l’évaluation de sa fonctionnalité reste primordiale. Le frein est parfois invisible, on dit alors qu’il est postérieur. On doit donc toucher sous la langue pour le sentir. Certains dentistes et ORL parlent de types de freins allant de 1 à 4. Il n’existe pas encore à ce jour d’outils standardisés pour l'évaluation et le diagnostic d’une ankyloglossie mais l’échelle de Hazelbaker est souvent utilisée. Elle est basée sur des critères au niveau de l’apparence et de la fonction. Parmi ces critères, il y a la capacité à soulever la langue, qu’on peut observer lorsque le bébé pleure. Sa capacité à former un ¨u¨, à s’étirer au-delà de la gencive et à faire les mouvements de latéralisation sont d’autres critères à prendre en compte. Une consultante en lactation certifiée de l’IBLCE (IBCLC) peut évaluer la fonction de la langue en lien avec l’allaitement.



Troubles associés et conséquence de l’absence de prise en charge


Il faut savoir que ce n’est pas tous les bébés ayant un frein de langue court qui manifestent des problèmes d’allaitement. Toutefois la vigilance est de mise. Une ankyloglossie non-diagnostiquée ou négligée peut avoir des conséquences sur l’allaitement et la santé de l’enfant. En effet, une future baisse de production lactée pourrait se manifester. Un sevrage précoce n’est pas une conséquence bénigne. Quand on connaît le rôle important que joue l’allaitement pour la santé de la mère et du bébé ainsi que les autres avantages, la question ne se pose pas quant à savoir s’il faut prendre des mesures pour y remédier. Il existe d’autres troubles associés à l’ankyloglossie: reflux, apnée du sommeil, troubles du langage, problèmes orthodontiques, dysphagie, caries, diastème, dysfonctionnement de l’articulation temporomandibulaire etc.



Quoi faire ? Qui peut m’aider?


Le problème à été identifié, par une personne qualifiée, maintenant il faut y remédier. Même avec un diagnostic de freins restrictifs, l’allaitement peut devenir confortable. Il arrive souvent qu’un diagnostic de frein trop court à été émis mais qu’une fois la prise du sein corrigée la douleur diminue et parfois même disparaît. La consultante en lactation IBCLC est l’experte en allaitement et en lactation humaine. Elle aide à optimiser la mise au sein et vous apporte des stratégies adaptées à votre situation pour maintenir votre allaitement. Elle est apte à faire un suivi du nourrisson quant à son alimentation et à référer aux bons professionnels si besoin.

Pour en savoir plus sur la IBCLC lisez l’article suivant: https://www.karinegalbrand.com/post/une-ibclc-qu-est-ce-que-c-est.

Les autres professionnels pouvant aider la problématique du frein restricfif sont les ostéopathes, chiropraticiens et dentistes, ORL ou médecins pratiquant la frénotomie. La ibclc peut vous diriger vers la bonne personne.


La frénotomie


Parfois la frénotomie devient la seule option. Elle consiste à sectionner le frein. Pour demeurer une solution efficace elle doit être fait au complet. C’est-à-dire que la partie postérieure du frein doit être sectionnée également. Sinon, la restriction peut persister et une révision serait alors envisageable. Refaire la procédure n’est évidemment pas souhaitable, d'où l’importance de bien choisir le ou la professionnelle qui fera l’intervention. Il est conseillé de consulter des médecins et dentistes bien à jour concernant les problématiques d’allaitement et qui sont formés adéquatement. Ces professionnels pourront être référés par la IBCLC. Normalement, après la procédure on verra une forme de losange sous la langue. Cela indique que la frénotomie a bien été effectuée. Le bébé peut immédiatement après la chirurgie prendre le sein. Une nette amélioration est souvent ressentie. La frénotomie peut se faire par laser ou aux ciseaux. C’est une chirurgie mineure qui se pratique en quelques secondes seulement. Les complications sont rares et minimes. On calcule que les bénéfices de la procédure surpassent les inconvénients. Considérant la durée courte de l'intervention, son efficacité souvent immédiate, les risques de complication très faibles et l’impact positif à long terme sur la santé du bébé et de la mère d’un allaitement qui perdure, la frénotomie est un choix justifié. Elle est d’ailleurs reconnue par l’association canadienne de pédiatrie.


Il est bon de se rappeler que l’OMS recommande l’allaitement pendant plus de 2 ans. Les premiers 6 mois en allaitement exclusif suivi de la diversification alimentaire. L’allaitement a des avantages pratiques et monétaires. Il joue un rôle nutritionnel, immunitaire, affectif et développemental pour l’enfant. Il est également un facteur naturel de santé pour la maman, et ce, à plusieurs niveaux.



Karine Galbrand IBCLC, ND, DEC s. infirmiers

Consultante en lactation certifiée


L’auteur pratique à Montréal et offre des consultations à domicile dans la région métropolitaine du grand Montréal ou en bureau à Ahuntsic.

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